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Une partie des grandes entreprises versent en dividendes les aides publiques reçues pendant la crise du Covid-19

Lorsque les pouvoirs publics n’encadrent pas suffisamment l’utilisation que les entreprises peuvent faire de leurs aides, ces dernières sont très souvent détournées de leur objectif initial. Ce fut massivement le cas à l’époque du CICE (Crédit impôt compétitivité emploi), qui était censé bénéficier à l’emploi et aux investissements et se retrouvait dans de nombreux cas dans les comptes en banque des actionnaires, car aucune sanction n’existait. C’est aujourd’hui le cas des aides distribuées généreusement par l’État aux entreprises pour les aider à résister à l’impact de leur chute d’activité sur leur situation financière.

En effet, le recours à l’activité partielle n’est aucunement conditionné à une limitation du versement de dividendes. Quant au PGE (Prêt garanti par l’État), l’interdiction pour les groupes qui en bénéficient de verser des dividendes ne s’impose que pour ceux qui comptent au moins 5000 salariés ou qui génèrent un chiffre d’affaires annuel consolidé supérieur à 1,5 milliard d’euros en France. Et elle ne s’appliquait qu’en 2020. Rien n’empêche un groupe, quelle que soit sa taille, de verser cette année en dividendes le prêt garanti par l’État ou toute aide octroyée en 2020.

Les grands groupes ne s’en privent d’ailleurs pas. Comme l’indique l’observatoire des multinationales dans sa dernière note, la totalité des groupes du CAC 40 a bénéficié d’aides publiques l’année dernière (chômage partiel, plans d’urgence, plan de relance, soutien de la BCE, etc.) et la plupart vont verser des dividendes cette année au titre de l’exercice 2020 pour un total qui va atteindre plus de 43,7 milliards d’euros, auxquels vont s’ajouter 7,3 milliards de rachats d’actions.

Comme le précise l’observatoire des multinationales, sans prise en compte des banques pour lesquels les dividendes sont limités cette année par la réglementation, on atteint quasiment le niveau record de l’année 2019. De nombreux groupes versent cette année en dividendes beaucoup plus que leur résultat de 2020, parfois carrément en perte. Au global, les groupes du CAC 40 ont distribué en dividendes cette année l’équivalent de 140% de leurs profits annuels, ce qui démontre qu’ils ont puisé dans leur trésorerie pour les verser, et ont donc utilisé les aides publiques pour le faire. 

Les représentants du personnel doivent être particulièrement vigilants sur la politique de versement de dividendes de leur entreprise, d’autant plus quand les directions prennent prétexte de la crise actuelle pour justifier des destructions d’emplois, alors qu’en parallèle les actionnaires se sont servis dans les aides publiques octroyées l’année dernière.   https://multinationales.org/IMG/pdf/allo_bercy_2.pdf