Et surtout la santé !
Des perspectives économiques 2025 assombries par les incertitudes politiques
Selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait s’établir à +1,1% en 2024 soit au même niveau que 2023. Cette croissance modeste a été portée par les dépenses publiques (notamment l’investissement des administrations publiques), le redémarrage de la consommation des ménages (en lien avec le ralentissement de l’inflation) et un effet jeux olympiques sur le 3e trimestre 2024. En revanche, elle a été pénalisée par la baisse de l’investissement des entreprises et des ménages (ralentissement du marché immobilier), et les mauvaises récoltes agricoles.
Les perspectives pour 2025 ne sont guère enthousiasmantes. Dans un contexte de fortes incertitudes (contexte politique post-dissolution, menaces commerciales provenant de la nouvelle administration états-unienne), la Banque de France a revu ses prévisions de croissance pour 2025 à la baisse (+0,9% désormais contre +1,2% anticipé en septembre 2024).
Dans ces prévisions, la croissance 2025 serait en fait largement portée par la consommation des ménages dont le redémarrage se poursuivrait en lien avec la poursuite de la baisse de l’inflation et en tablant sur une baisse du taux d’épargne des ménages (qui atteint un plus haut historique compte tenu des projets immobiliers reportés et de l’incertitude économique et politique). Soulignons toutefois que, malgré le rattrapage intervenu depuis fin 2023, les augmentations de salaire n’ont pas encore permis d’effacer les pertes de pouvoir d’achat subies par les salariés sur 2022 et 2023.
Des licenciements pour motif économique en forte augmentation…
Rappelons également que, malgré une légère amélioration des conditions de crédit, les défaillances d’entreprises sont élevées : fin novembre 2024, le nombre de défaillances (en cumulé sur douze mois) atteint 64 909, soit une croissance de +18,1 %. Certes, cette progression est en partie liée à un effet de rattrapage, après le fort ralentissement des défaillances pendant la période covid (2020-2021), mais elle reste inquiétante dans un contexte où l’indicateur de climat des affaires se maintient à un niveau inférieur à sa moyenne de longue période depuis plusieurs mois.
Les conséquences sur l’emploi sont désormais perceptibles : selon les chiffres du 3e trimestre 2024 publiés par la DARES, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) initiés par les entreprises a augmenté + 34,8 % sur un an et les procédures de licenciement collectif hors PSE de +22,2 %.
… mais des dividendes versés aux actionnaires du CAC 40 en hausse !
Il convient cependant de rappeler que tout le monde ne connait pas la crise : selon la lettre de Vernimen, les entreprises du CAC 40 ont ainsi redistribué plus de 98 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2024 sous forme de dividendes et de rachats d’actions (en hausse de +1% par rapport au record de 97 Mds € versés l’année dernière). Si les rachats d’actions ont diminué de -15% (25,4 vs 30,1 Mds €) en revanche les dividendes versés ont augmenté de +8,5% par rapport à l’année dernière (70,9 Mds € vs 67,1 Mds €).
Certes le Cac 40 n’est pas représentatif de l’ensemble des entreprises et ses performances illustrent avant tout la concentration des richesses sur quelques acteurs, au prix d’une pression sur les salariés et les plus petites entreprises. Certaines directions d’entreprise ou de groupe bien portant pourraient néanmoins tirer argument du contexte économique morose pour justifier des suppressions d’emploi ou des modérations salariales. Il sera donc important que les représentants du personnel disposent d’informations et d’analyses objectives pour contre-argumenter et défendre les salaires, l’emploi et les conditions de travail.