En 2020, on aurait pu s’attendre à ce que la chute d’activité liée au Covid-19 et à la mise en place de mesures de couvre-feu et de confinement limite les versements de dividendes aux actionnaires au niveau mondial. Il n’en a rien été. Alors qu’une crise économique d’une grave ampleur s’est amorcée et sera sans doute durable, les actionnaires ont continué à être fortement rémunérés.
La société de gestion d’actifs Janus Henderson vient de publier à ce sujet une étude éclairante (Global dividend index de février 2021). Celle-ci indique notamment que « Les dividendes mondiaux ont fait preuve d’une résilience remarquable au cours de cette année très particulière. Sur l’ensemble de l’année 2020, dont le premier trimestre a été normal, les dividendes totaux ont chuté de 12,2% pour atteindre 1 255 milliards de dollars US, ce qui est supérieur à notre scénario le plus favorable de 1 210 milliards de dollars US grâce aux excellents résultats enregistrés en fin d’année ».
L’étude précise également que les deux tiers des sociétés ont maintenu leurs dividendes ou les ont augmentés. Seule une société sur huit les a annulés. Dans certaines régions du monde comme l’Amérique du Nord, le niveau de versement de dividendes atteint même des records : 549 milliards de dollars, soit une hausse de 2,6% par rapport à 2019. Au niveau mondial, les versements de dividendes retrouvent leur niveau de 2017, qui étaient leur point le plus élevé depuis au moins 2009, date de création de l’étude Global dividend index. On n’observe donc pas du tout la baisse qui avait suivi la crise financière de 2008.
Les dividendes devraient retrouver la croissance en 2021
A noter également que, selon cette étude, la baisse des dividendes a en particulier concerné les banques qui payent en règle générale une partie importante des dividendes mondiaux et dont les versements ont été réglementés en 2020, en particulier par la Banque centrale européenne dans la zone euro. Nombre d’entre elles vont sans doute rattraper en 2021 la baisse de versements de 2020. Par exemple, le Crédit Agricole a annoncé qu’il allait verser 2,3 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires en 2021, pour compenser ainsi le moins perçu de 2020. La BCE estime que les distributions de dividendes des banques de la zone euro devraient s’établir entre 10,5 milliards et 11 milliards d’euros en 2021. Même la Société Générale, qui n’a réalisé aucun bénéfice en 2020, va puiser dans ses fonds propres pour verser des dividendes cette année.
Même chose du côté des assurances. Axa qui, à cause de la crise du Covid 19, a vu ses résultats s’effondrer en 2020, va verser 3,4 milliards d’euros en dividendes à ses actionnaires en 2021, soit exactement la somme qu’il avait prévu de verser avant la crise. Ce phénomène de rattrapage devrait se généraliser. D’après l’étude de Janus Henderson « Il est fort probable que les sociétés versent des dividendes extraordinaires en 2021, profitant de leurs solides liquidités pour récupérer une partie des pertes accusées par les distributions en 2020. ». Ainsi, les dividendes pourraient être à nouveau en croissance au niveau mondial en 2021 malgré la crise économique que nous traversons.