Le ministre de l’Économie et des finances Bruno Le Maire a annoncé le 17 janvier dernier qu’1 million d’entreprises avaient été créées en 2021 et que cela constituait « Un record tout simplement historique ». Le chiffre paraît en effet considérable, mais il regroupe en fait les « vraies » entreprises et les micro-entreprises, qu’on appelait auparavant les auto entreprises (depuis leur création en 2009), et qui sont en réalité des travailleurs indépendants.
Par exemple, se retrouvent dans ce chiffre d’1 million d’entreprises, les livreurs à vélo ou les conducteurs de VTC et des milliers de travailleurs qui subissent en fait un salariat déguisé, avec un client unique et un rapport de subordination vis-à-vis de lui. Au total, cela représente 641 600 de micro-entreprises, soit la grande majorité du chiffre avancé par Bruno Le Maire.
D’après les chiffres de l’INSEE, le nombre de créations de « vraies » entreprises est en réalité stable depuis une douzaine d’années (354 300 créations en 2021). Le record dont se félicite Bruno Le Maire est en fait un record de précarité. Les micro-entrepreneurs touchent en moyenne une rémunération de 590 euros par mois. Les deux tiers des autoentrepreneurs ayant commencé leur activité il y a cinq ans ne sont plus actifs. Et rappelons qu’ils ne cotisent ni pour avoir droit au chômage, ni pour la retraite.
L’augmentation du nombre d’entreprises cache ainsi en réalité une précarisation croissante de la société française et ne permet pas de lutter contre le chômage : plus de 5,7 millions de personnes en recherche de travail étaient inscrites à Pôle emploi au troisième trimestre 2021.