Dans une publication datant de mars 2025*, la DARES présente une revue de la littérature sur les risques psychosociaux associés au télétravail, qui concernait 26% des personnes salariées en 2023. S’il est rappelé que de nombreuses études soulignent les avantages du télétravail – en termes d’autonomie professionnelle par exemple, de réduction des temps de trajet, d’amélioration de l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle et de la possibilité de se protéger de comportements hostiles en présentiel, – trois grandes catégories de risques psychosociaux liés au télétravail sont néanmoins identifiées.
La distanciation des rapports sociaux et la complexité d’organiser le travail.
Le télétravail entrainerait une distanciation spatiale et une diminution des interactions sociales et des relations professionnelles qui pèserait sur l’individu isolé de sa hiérarchie et de ses collègues. Les effets peuvent être multiples : entrave de la communication, réduction des échanges et du partage des informations, incompréhensions sur les directives, complexification de la prise de décision, effets sur la dynamique collective, tensions liées aux échanges écrits, malentendus, demandes excessives de reporting, invisibilisation de l’activité professionnelle. Par ailleurs, de nouvelles formes de violences peuvent émerger, sous la forme de cyber-violences, dont les effets sont amplifiés par l’isolement des salarié·es.
L’intensité du travail.
Si les auteurs rappellent qu’en télétravail les salarié·es bénéficient d’une plus grande autonomie, parviennent à mieux se concentrer et sont moins interrompus, le télétravail pourrait avoir d’autres effets sur l’intensité du travail.
L’on observerait, dans certaines situations, un risque d’augmentation de l’amplitude horaire de travail lié à une limite floue entre les temps de vie, la complexité de la gestion de la charge de travail dans une organisation hybride et ainsi qu’à « l’hyperconnectivité » et à la surcharge informationnelle, maintenant une sollicitation constante. L’impact de l’usage accru des technologies numériques a fait l’objet d’un précédent article dans la Newsletter en octobre 2023.
Articulation des temps personnels et professionnels.
Si comme les auteurs le rappellent, « le télétravail apporte une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle en permettant la réduction des temps de transport, la flexibilité des horaires et une disponibilité familiale accrue », la séparation entre les temps de vie pourrait se brouiller et se complexifier dans certains contextes. Ce conflit entre les temps de vie serait exacerbé lorsque les responsabilités familiales sont plus grandes. Les femmes en télétravail effectueraient ainsi plus d’heures de travail que les hommes, par l’effet de leur réassignation aux tâches domestiques en plus de leur travail professionnel. Par ailleurs, le télétravail présenterait un risque d’être associé à une augmentation des violences domestiques.
Les auteurs rappellent que ces différents risques associés au télétravail sont à nuancer, car ils sont très dépendants des contextes. C’est pourquoi ils devraient faire systématiquement l’objet d’une évaluation fine permettant de mettre en place une politique de prévention de leurs effets sur la santé.
Pour les représentants du personnel, le télétravail comporte également des enjeux importants. Il peut rendre plus complexe la représentation des salarié·es de l’entreprise, et présenter des difficultés pour maintenir un lien avec les équipes. Il représente une difficulté dans la compréhension du vécu au travail des collègues. Enfin, il rend plus difficile la capacité de mobilisation collective.
*DARES, 2025, Les risques psychosociaux associés au développement du télétravail, Recherche en bref, mars n°1