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Situation économique de l’entreprise : qu’est-ce que l’Ebitda ?

De nombreux élus de CSE sont confrontés aux jargons financiers utilisés par leurs employeurs quand ils leurs présentent la situation économique de leur entreprise.

La tonalité est en général toujours la même : les résultats sont présentés comme insuffisants, pour ainsi expliquer le refus des hausses de salaires, des embauches, voir justifier les plans de licenciements. A l’inverse, quand les résultats sont présentés aux actionnaires, ils le sont toujours d’une manière beaucoup plus positive. Il est donc important pour les élus de CSE de bien comprendre le vocabulaire financier des employeurs. L’un des mots les plus utilisés est l’Ebitda.

Le sigle Ebitda signifie « Earnings before interest, taxes, depreciation, and amortization ». Il se rapproche de ce qui est appelé, en français, l’Excédent brut d’exploitation. Il représente le profit de l’entreprise, une fois pris en compte l’ensemble des dépenses liées à son activité (achats de marchandises, salaires et cotisations, loyers, frais d’électricité, etc.). Les dépenses liées aux taxes, aux amortissements des investissements et aux intérêts d’emprunts ne sont par contre pas pris en compte.

Prenons l’exemple d’un restaurant qui vend pour 100 000 euros de repas chaque mois (ce qui constitue donc son chiffre d’affaires) et qui dépense 30 000 euros pour payer son gérant, ses cuisiniers et ses serveurs et 50 000 euros pour acheter la nourriture, payer son loyer et l’ensemble de ses frais. Il lui reste à la fin de chaque mois 20 000 euros de profit, c’est ce qu’on appelle l’Excédent brut d’exploitation. Le propriétaire du restaurant peut utiliser ces 20 000 euros pour réaliser des investissements (achats de nouveaux fours, tables, etc.) et pour rembourser les emprunts, s’il en a contracté pour son restaurant. Il pourra aussi les conserver pour laisser de la trésorerie dans les comptes du restaurant ou alors se les verser en dividendes, c’est-à-dire directement dans son propre compte en banque.

L’analyse de l’Ebitda est importante pour connaître la situation économique d’une entreprise. Par exemple, l’Ebitda de McDonald’s au niveau mondial a atteint 10,8 milliards de dollars en 2019 pour un chiffre d’affaires de 21 milliards. Son niveau de marge est donc de 51,4%, ce qui est une excellente performance financière. Ce niveau de profit est dû notamment au fait que les salariés de McDonald’s sont très mal payés. En effet, McDonald’s emploie environ 205 000 personnes à travers le monde. Chaque salarié a donc généré en moyenne 103 000 dollars de chiffre d’affaires par an en 2019, soit 8 583 dollars par mois. En ne payant aux salariés qu’une faible part de cette valeur qu’ils créent, McDonald’s dégage donc un Ebitda très élevé, utilisé en grande partie pour les actionnaires : ces derniers ont reçu 8,6 milliards de dollars en 2019, sous la forme de rachats d’actions et de dividendes.

Derrière un lexique financier d’apparence complexe se cache donc la réalité du conflit dans la répartition des richesses. La comptabilité est l’un des reflets du rapport de force social. Elle doit donc être bien appréhendée par les représentants du personnel pour qu’ils ne soient pas désarmés face au monologue patronal.